1 900,00 $ – 3 200,00 $
EN DATE DU 7 AOÛT 2023, PLUS QU’UNE SEULE OEUVRE DISPONIBLE DANS LA SÉRIE DE 25.
Technique mixte : photographies nocturnes, interventions numériques, impression jet d’encre sur canevas, peinture aérosol et vernis. L’édition originale est limitée à 25 exemplaires (tous formats confondus) et chacune des oeuvres de la série est légèrement différente des autres. Pour plus de détails: [email protected].
Photographies prises par Pascal Normand en 2018 dans le centre-ville de Montréal, Qc.
Installée en 1930, la pinte se mourrait tranquillement sous la rouille au cours des dernières décennies. Elle était donc menacée de disparaître. Héritage Montréal a amorcé en 2006 une réflexion portant sur la sauvegarde de l’emblème géant, réflexion qui aboutie finalement en 2009 sur un partenariat avec la Fédération des producteurs de lait du Québec pour la sauvegarde de la pinte. Étant le résultat concluant de partenariats intersectoriels dans la mise en valeur et la revitalisation du patrimoine, elle est depuis ce temps fraîchement peinte en bien entretenue.
Au fil de mon parcours, il me l’a demandé, elle me l’a demandé. Il me l’a demandé encore, puis encore. J’ai régulièrement été sollicité au cours des 8 dernières années… Diverses requêtes spécifiques concernant la mythique pinte de lait Guaranteed Pure Milk.
Oui, assurément, ok.
Quand?
Je n’y ressentais aucun empressement, aucune urgence d’agir. Fallait que ça vienne spontanément ou qu’un élément déclencheur produise l’étincelle nécessaire (comme pour tout le reste, à priori). À la vue récente de travaux en cours dans les alentours, l’ouverture s’est créée, l’accessibilité d’un angle jusque là inexistant est apparût. La démolition de quelques bâtiments dans la cours arrière de l’ancienne laiterie a ouvert cet angle, cet oeil nouveau à poser sur la pinte. L’esprit de confrontation et la fracture de différentes réalités entre les tours à cravates et le délabrement garni de street art me fascinent dans cette scène. Avec sa prestance de jeune nouvelle (ou enfin, de vieille rafraîchie), la pinte s’impose en gardienne du temps, seule et solide au milieu de ce tiraillement.
Elle est importante et plutôt cachée à la fois, mais assurément confortablement rangée dans le coeur des Montréalais et Montréalaises, classée dans le même tiroir dans lequel loge l’enseigne « Farine Five Roses » et quelques autres précieux éléments du paysage urbain de la métropole québécoise. Symbolisant poétiquement l’appropriation populaire et le sentiment d’appartenance si cher à l’identité des citoyens, ce château d’eau (puisque c’en (était) est un) dégage une saine nostalgie qui nourrit la mémoire collective et fait vibrer l’âme de Montréal.
Telles des escapades intuitives où chaque cliché devient une étape distincte dans le processus créatif, les sorties nocturnes dédiées à la capture des sujets s’apparentent à une chambre noire à ciel ouvert. La nuit devient alors une scène riche en rencontres inspirantes, prête à révéler les nuances subtiles et délicates des ombres et de la lumière.
Partant de la vision créative préméditée de l’artiste photographe, en passant par un œil incarné par ses lentilles, chacun des clics devient un ingrédient artistique, témoin de l’émerveillement que seule la pénombre et sa discrétion peut offrir. Les détails émergent avec une lenteur délibérée à travers les multiples longues expositions. Elles deviennent les strates d’où provient chaque œuvre en devenir et illustrent par une composition poétique de silhouettes qui valsent dans la lumière, une symphonie visuelle transcendant l’âme et l’imaginaire que propose l’ambiance de la nuit.