490,00 $ – 3 200,00 $
Technique mixte : photographies nocturnes, interventions numériques, impression jet d’encre sur canevas, peinture aérosol et vernis. L’édition originale est limitée à 25 exemplaires (tous formats confondus) et chacune des oeuvres de la série est légèrement différente des autres. Pour plus de détails : [email protected].
Photographies prises par Pascal Normand en 2022 dans le quartier Pointe-St-Charles à Montréal, Québec.
Difficile bête à capturer ou enfin, à mettre en valeur! Premier pont à traverser le fleuve St-Laurent (inauguré en 1860! – pensez-y, c’est une structure de plus de 162 ans qui encore aujourd’hui sert quotidiennement pour la traversée d’un grand nombre de véhicules), le pont Victoria est presque mon préféré, disons presque égal avec le pont Jacques Cartier… C’est son manque d’élévation qui le rend difficile d’approche, du moins, dans un contexte de mise en valeur visuelle.
J’y suis allé tout juste dernièrement même si depuis longtemps, je souhaitais en faire une œuvre. À vrai dire, il y a un autre angle que j’aimerais exploiter, mais dont l’accès m’apparaît plutôt improbable… On verra, peut-être un jour. J’y suis donc allé par une voie relativement accessible sachant que la zone est somme toute fort bien gardée; les environs sont largement occupés/patrouillés par les gardiens du port de Montréal. Je viraille donc dans la noirceur, cherchant un endroit approprié pour me stationner…
Ah fuck off, il est 4h08 et le stationnement des employés du port de Mtl est plutôt vacant.
De toute façon, même si c’est interdit, je n’y serai pas trop longtemps et personne ne prendra le temps de me faire remorquer à cette heure. Je débute ma marche, quincaillerie photographique dans mon sac à dos, trépied sur l’épaule. Courte marche de 5-6 minutes puisque je suis stationné dans une zone « VIP ». Je passe sous le pont. L’autoroute Bonaventure vibre derrière moi. Je trouve mon angle, mais la végétation d’un été avancé cache une partie de l’ouverture que je souhaite avoir sur le fleuve. Je dois me placer plus en hauteur si je veux ma shot… Un muret de béton devant moi… Ouain. 6 pouces de large pour y grimper, mon trépied et moi, mais surtout, y trouver la stabilité requise pour de multiples longues expositions?
Ah fuck off, il est 4h22 et c’est ce que je veux!
Oui, le cirque est en ville! D’un côté, c’est plat et stable, mais de l’autre, c’est une descente abrupte plongeant dans le courant du fleuve (allo maman!). Eh bien voilà pourquoi il y a des murets de béton! Je suis debout sur 6 pouces de large, mon trépied au max de sa hauteur repose sur l’impossible et mon équilibre n’a rien de réel. Sachant qu’en longue exposition la stabilité est la clé, un défi physique et technique s’impose. La photo ci-dessous ne pourrait mieux le démontrer, quoique, je peux ajouter que de cette position, mon sujet n’est pas devant moi, mais à 90 degrés sur la droite. Les photographes (entre autres) comprendront la difficulté à opérer puisqu’en plus, j’ai peine à voir l’arrière de mon appareil et que pour chacune des prises à faire, la caméra doit demeurer impeccablement stable. Le tout en opérant des changements de paramètres sur la caméra après chaque capture… Câlisse…
J’applique donc toutes mes habiletés de gymnaste et mes doigts de fée effleurent avec grâce les manipulations requises entre chacune des prises. Le processus circassien avance sans faille quand au loin, depuis là où mon Dodge m’attend, des gyrophares agacent mon œil, mais surtout, mon esprit. MERDE! J’abandonne le projet ou je prends le risque de payer le remorquage et revenir à pied à Beloeil??
Ah fuck off, il est 4h38 et je suis Nadia Comaneci!
Je reste sur place et j’empoigne le démarreur à distance de mon véhicule dans ma poche en espérant que malgré l’éloignement, il démarrera et laissera donc comprendre que je ne suis pas trop loin. Take that le towing, je gère à distance depuis mon perchoir! Je ne sais pas comment j’ai fait, mais je m’en sors avec les photos que je souhaitais, plein de courbatures à venir le lendemain et sans remorquage… Je suis ravi de vous présenter, « PONT VICTORIA ».
Telles des escapades intuitives où chaque cliché devient une étape distincte dans le processus créatif, les sorties nocturnes dédiées à la capture des sujets s’apparentent à une chambre noire à ciel ouvert. La nuit devient alors une scène riche en rencontres inspirantes, prête à révéler les nuances subtiles et délicates des ombres et de la lumière.
Partant de la vision créative préméditée de l’artiste photographe, en passant par un œil incarné par ses lentilles, chacun des clics devient un ingrédient artistique, témoin de l’émerveillement que seule la pénombre et sa discrétion peut offrir. Les détails émergent avec une lenteur délibérée à travers les multiples longues expositions. Elles deviennent les strates d’où provient chaque œuvre en devenir et illustrent par une composition poétique de silhouettes qui valsent dans la lumière, une symphonie visuelle transcendant l’âme et l’imaginaire que propose l’ambiance de la nuit.