460,00 $ – 3 200,00 $
Technique mixte : photographies nocturnes, interventions numériques, impression jet d’encre sur canevas, peinture aérosol et vernis. L’édition originale est limitée à 25 exemplaires (tous formats confondus) et chacune des oeuvres de la série est légèrement différente des autres. Pour plus de détails: [email protected].
Photographies prises par Pascal Normand en 2023 dans le quartier St-Henri, à Montréal, Qc.
Nuit vaporeuse de mai, douce et humide à Montréal.
Cette nuit-là, je m’aventure à nouveau dans le quartier St-Henri, dans le sud-ouest de la ville, attiré par l’âme mythique qui émanait du Greenspot. Ou peut-être avais-je faim pour une couple de steamés moutarde oignon?
Du haut de ses 76 ans, c’est en vénérable symbole du quartier que Greenspot se dresse fièrement devant moi. Verdoyante corniche au-dessus, amalgame de joyaux kitschs à l’intérieur; la table est mise, je suis servi.
Il est 4 heures en ce petit mardi et le quartier sommeille paisiblement. Les trottoirs réfléchissent timidement la lumière diffusée par les lampadaires, narguant les restes nébuleux d’une pleine lune en décroissance.
La frénésie urbaine est entre deux eaux à cette heure tardive, les badauds se font rares. Les bruits de la ville sont étouffés, discrets, et un sentiment de solitude enveloppe le quartier. Pourtant, je peux presque sentir une présence invisible, fantomatique…
M’apprêtant à déclencher mes premières prises, l’esprit en partie affairé à la technique, je remarque un mouvement furtif du coin de l’œil. Intrigué, je lève la tête et j’aperçois une silhouette éthérée se faufilant derrière le comptoir. Bien qu’il ne soit plus ouvert 24 heures sur 24 comme autrefois, c’est bien à croire que Greenspot ne dort jamais! Fin de quart de travail? Préparation du suivant?
Sous une casquette verte, cheveux d’argent et apparence diligente, l’homme fait ce qu’il a à faire. J’en fais de même, prenant le temps nécessaire aux expositions longues et aux détails techniques de ma recette. J’emporterai avec moi l’état des lieux du moment, l’homme au comptoir et l’âme de la place… et toujours l’idée inassouvie de m’empiffrer d’une couple de steamés!
Telles des escapades intuitives où chaque cliché devient une étape distincte dans le processus créatif, les sorties nocturnes dédiées à la capture des sujets s’apparentent à une chambre noire à ciel ouvert. Dès lors, la nuit devient une scène riche en rencontres inspirantes, prête à révéler les nuances subtiles et délicates des ombres et de la lumière.
Avec ce travail terrain, la vision créative préméditée de l’artiste photographe passe à travers un œil incarné par ses lentilles. Conséquemment, chacun des clics devient un ingrédient artistique, témoin de l’émerveillement que seule la pénombre et sa discrétion peut offrir. C’est alors que les détails émergent avec une lenteur délibérée à travers les multiples longues expositions. Elles deviennent les strates d’où provient chaque œuvre en devenir et singulièrement, elles illustrent par une composition poétique de silhouettes qui valsent dans la lumière, une symphonie visuelle transcendant l’âme et l’imaginaire que propose l’ambiance de la nuit. Notamment, Pascal Normand artiste photographe, mais par dessus tout, Pascal Normand artiste visuel.